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Devenir auto entrepreneur et salarié : est-ce possible ? Le guide complet par Maëlaine Faure

Afin de tout savoir sur la gestion

De plus en plus de professionnels français choisissent aujourd'hui de combiner deux statuts : celui de salarié et celui d'auto-entrepreneur. Cette double casquette séduit ceux qui souhaitent conserver la sécurité d'un emploi stable tout en développant une activité indépendante complémentaire. Loin d'être une démarche marginale, ce cumul concerne aujourd'hui environ 30% des auto-entrepreneurs selon les chiffres de l'INSEE. Mais cette configuration nécessite une compréhension approfondie des règles légales, fiscales et sociales pour être menée en toute sérénité.

Le cadre légal du cumul auto-entrepreneur et salarié

La législation française autorise pleinement le cumul des statuts de salarié et d'auto-entrepreneur, quel que soit le type de contrat de travail concerné. Que vous soyez en CDI, en CDD, en intérim ou même en stage, vous pouvez tout à fait créer votre micro-entreprise parallèlement. Cette possibilité reste toutefois encadrée par plusieurs conditions destinées à protéger les intérêts de l'employeur et à garantir la loyauté du salarié. Certaines professions sont néanmoins exclues du régime auto-entrepreneur, notamment dans les secteurs de la santé, du juridique, de l'agriculture, de l'assurance ou encore pour les artistes-auteurs.

Les conditions d'autorisation pour cumuler les deux statuts

Avant de vous lancer, la première étape consiste à examiner minutieusement votre contrat de travail ainsi que votre convention collective. Ces documents peuvent contenir des clauses d'exclusivité qui vous interdiraient formellement d'exercer toute autre activité professionnelle pendant la durée de votre contrat. Une clause de non-concurrence peut également limiter votre champ d'action en vous empêchant de développer une activité similaire à celle de votre employeur. Au-delà des clauses contractuelles, tous les salariés sont soumis à une obligation de loyauté envers leur employeur, même en l'absence de mention explicite dans le contrat. Cette obligation implique de ne pas concurrencer directement son entreprise, de ne pas utiliser ses ressources matérielles ou humaines, de ne pas débaucher des collègues et de ne pas nuire à sa réputation. Il est également formellement interdit de facturer des prestations à son propre employeur en tant qu'auto-entrepreneur, ce qui constituerait une requalification du lien de subordination. Pour les fonctionnaires, des règles spécifiques s'appliquent et une autorisation préalable de leur administration est généralement requise avant de pouvoir cumuler les deux statuts.

Les obligations déclaratives auprès de l'URSSAF et de l'employeur

Sur le plan déclaratif, chaque activité doit être traitée de manière distincte. En tant que salarié, votre employeur se charge des déclarations sociales et du prélèvement des cotisations. En parallèle, vous devez déclarer et cotiser séparément pour votre activité d'auto-entrepreneur auprès de l'URSSAF. Vos revenus non salariés doivent figurer dans la déclaration complémentaire des revenus des professions non salariées, en plus de votre déclaration habituelle de salaire dans la catégorie traitements et salaires. Cette double déclaration garantit que vous remplissez vos obligations fiscales pour chacune de vos sources de revenus. Il convient également d'informer votre employeur de votre activité indépendante lorsque celle-ci présente des similitudes avec votre fonction salariée, afin d'éviter tout malentendu ou suspicion de concurrence déloyale. Ne pas déclarer sa micro-entreprise expose le salarié à des sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu'au licenciement pour faute grave, ainsi qu'à des poursuites pour concurrence déloyale et à d'éventuelles demandes de dommages et intérêts de la part de l'employeur.

Comment gérer votre double activité au quotidien

Jongler entre deux statuts demande une organisation rigoureuse et une gestion précise du temps comme des obligations administratives. Cette double vie professionnelle peut s'avérer enrichissante mais nécessite une discipline de fer pour éviter les conflits d'intérêts et respecter les engagements pris de part et d'autre. Le revenu mensuel moyen généré par une micro-entreprise s'établit autour de 440 euros, ce qui représente un complément appréciable mais rarement suffisant pour remplacer un salaire à temps plein.

L'organisation du temps de travail entre salariat et micro-entreprise

La réussite de ce cumul repose en grande partie sur une organisation du temps irréprochable. Vous devez impérativement exercer votre activité d'auto-entrepreneur en dehors de vos heures de travail salarié. Cela signifie que vos prestations indépendantes se dérouleront principalement le soir, le week-end ou pendant vos jours de congés. L'utilisation du matériel, des locaux ou des ressources de votre employeur pour votre activité personnelle est strictement interdite et peut constituer un motif de licenciement. Cette séparation stricte des activités garantit que vous ne détournez pas les moyens de l'entreprise à votre profit et que vous respectez votre contrat de travail. Pour les personnes travaillant plus de 1200 heures par an en tant que salarié avec une rémunération supérieure au chiffre d'affaires de leur auto-entreprise, c'est généralement le statut de salarié qui sera considéré comme l'activité principale. Dans le cas contraire, l'activité entrepreneuriale peut être reconnue comme activité principale, ce qui a des conséquences notamment sur le régime de protection sociale dont vous dépendez.

La gestion comptable et fiscale des deux revenus

Sur le plan comptable et fiscal, vous devrez jongler avec deux régimes distincts. Vos revenus salariés relèvent de la catégorie des traitements et salaires, tandis que vos revenus d'auto-entrepreneur sont classés soit en micro-BIC pour les activités commerciales ou artisanales, soit en micro-BNC pour les activités libérales ou de prestations de service. En 2023, les seuils de chiffre d'affaires pour rester dans le régime de la micro-entreprise sont fixés à 188 700 euros pour une activité commerciale ou d'hébergement, et à 77 700 euros pour une activité de prestations de service ou libérale. Vous devrez déclarer chaque source de revenus dans la case appropriée de votre déclaration d'impôt sur le revenu. Cette double imposition ne signifie pas que vous paierez deux fois plus d'impôts, mais simplement que chaque revenu sera imposé selon les règles qui lui sont propres. La tenue d'une comptabilité simplifiée pour votre micro-entreprise reste néanmoins obligatoire, avec notamment la conservation de vos factures et la tenue d'un livre des recettes.

Les avantages et précautions à prendre avec ce double statut

Cumuler le statut de salarié et celui d'auto-entrepreneur présente de nombreux bénéfices, mais impose également de rester vigilant face à certains risques juridiques et organisationnels. Cette configuration offre une forme de sécurité hybride qui séduit particulièrement ceux qui souhaitent tester une activité indépendante sans renoncer à la stabilité du salariat.

Les bénéfices d'une double protection sociale et d'un complément de revenus

L'un des principaux avantages de ce cumul réside dans la sécurisation financière qu'il procure. En conservant votre emploi salarié, vous disposez d'un revenu stable et régulier qui couvre vos besoins essentiels, tandis que les revenus de votre micro-entreprise constituent un complément appréciable pour financer des projets ou constituer une épargne. Cette configuration est particulièrement intéressante pour préparer une transition professionnelle en douceur, en testant la viabilité de votre projet entrepreneurial avant de franchir le pas du plein temps. Sur le plan social, vous bénéficiez d'une double affiliation aux caisses d'assurance maladie, même si votre couverture santé principale dépend du régime auquel vous étiez affilié au moment où vous avez débuté votre seconde activité. Vous cotisez pour les deux régimes, ce qui peut avoir un impact positif sur vos droits à la retraite, celle-ci étant calculée en fonction de l'ensemble de vos activités. Le cumul n'accélère pas votre départ à la retraite, mais il enrichit votre parcours professionnel et diversifie vos sources de revenus futurs. Le témoignage de professionnels ayant franchi le pas illustre bien ces avantages : nombreux sont ceux qui, comme Lucie, blogueuse et community manager freelance depuis juin 2019, ont choisi ce double statut pour sécuriser leurs revenus tout en développant leur activité indépendante.

Les clauses contractuelles à vérifier et les risques à éviter

Malgré ses atouts, le cumul salarié-auto-entrepreneur comporte des risques qu'il convient d'anticiper. La première précaution consiste à vérifier scrupuleusement votre contrat de travail et votre convention collective pour identifier toute clause susceptible de limiter votre liberté d'entreprendre. Une clause d'exclusivité peut vous interdire purement et simplement d'exercer une autre activité professionnelle. Une clause de non-concurrence peut quant à elle restreindre votre champ d'action, même après la fin de votre contrat. Une clause de confidentialité vous empêche d'exploiter des informations sensibles obtenues dans le cadre de votre emploi. Le non-respect de ces clauses peut entraîner un licenciement pour faute grave ou lourde, avec toutes les conséquences financières et professionnelles que cela implique. Il est également crucial de ne jamais facturer votre propre employeur en tant qu'auto-entrepreneur, car cela pourrait être interprété comme une tentative de contournement du lien de subordination et donner lieu à une requalification de votre contrat de prestation en contrat de travail. Cette requalification obligerait l'entreprise à payer des cotisations sociales supplémentaires et pourrait vous contraindre à rembourser d'éventuelles allocations chômage perçues indûment. Pour éviter ces écueils, il est recommandé de rédiger systématiquement un contrat de prestation de service clair et détaillé avec chaque client, définissant précisément les obligations de chaque partie et l'absence de lien de subordination. Enfin, veillez à ne jamais travailler pour un seul client de manière continue, car cela pourrait également être assimilé à une relation de travail déguisée. En respectant ces précautions et en maintenant une transparence totale avec votre employeur, vous pourrez profiter pleinement des opportunités offertes par ce double statut tout en préservant votre sécurité professionnelle et juridique.